Big bang des télécoms colombiens
Le retrait de Movistar est une rupture majeure
L’histoire de Telefónica en Colombie remonte à 2004, lorsqu’elle est entrée sur le marché mobile après l’acquisition de BellSouth. Deux ans plus tard, elle a étendu ses activités au marché de la téléphonie fixe en acquérant une participation majoritaire dans l’entreprise publique Telecom.
Au fil du temps, Movistar s’est imposé comme l’un des principaux opérateurs du pays, avec plus de 25 millions de clients et un réseau de fibre optique couvrant 80 villes. L’entreprise compte près de 5 000 employés et exploite des unités commerciales qui, depuis la Colombie, desservent d’autres pays. Parmi eux, Telefónica Tech, qui dispose d’un centre d’opérations numériques à Bogotá, et Wayra, sa plateforme d’innovation ouverte et de capital-risque d’entreprise.
La décision de Telefónica de vendre sa participation majoritaire dans ses opérations en Colombie, où elle opère sous la marque Movistar, à Millicom Spain, le conglomérat qui détient Tigo, pour 400 millions de dollars, marquera un chapitre important dans l’histoire des télécommunications du pays.
Pour le conglomérat espagnol, cette opération s’inscrit dans une stratégie de désinvestissement plus large en Amérique latine, une région exigeante en termes de rentabilité et de réglementation. Telefonica avait engagé des discussions avec l’opérateur luxembourgeois pour la cession de cette filiale voilà plusieurs mois. Cette opération «est alignée sur la stratégie de réduction progressive de l’exposition» du groupe «à l’Amérique hispanique», explique l’opérateur.
La transaction représente un pari stratégique pour Millicom, qui cherche à renforcer sa présence en Colombie en acquérant 67,5% de Coltel, avec option d’achat des 32,5% restants, actuellement entre les mains de l’État et d’autres investisseurs.
Millicom est une société discrète mais très puissante dans la région. Sous la marque Tigo, cette société télécoms basée au Luxembourg et cotée à la fois en Suède et au Nasdaq américain est présente dans une petite dizaine de pays d’Amérique latine (Guatemala, Bolivie, Colombie, Costa Rica, Salvador, Honduras, Nicaragua, Panama et Paraguay).
Le marché colombien des télécommunications est dirigé par Claro, propriété d’América Móvil. L’éventuelle consolidation de Movistar et Tigo, qui partagent déjà des réseaux, pourrait donner naissance à un concurrent plus fort dans ce conflit. L’affaire entre les deux multinationales européennes cherche à affaiblir le pouvoir de Claro dans la téléphonie mobile en Colombie
